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Genre et médias francophones dans l’Europe des années 1940 et 1950

Équipe
Genre et médias francophones dans l’Europe des années 1940 et 1950
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Les 21 et 22 mars 2019, la Section d’histoire et esthétique du cinéma de l’Université de Lausanne a organisé un colloque invitant à interroger les phénomènes de reconfiguration et d’expansion médiatique des années 1940 et 1950 au prisme du genre dans l’espace francophone. Cette période chronologique charnière dans l’histoire du genre, mais rarement envisagée, a permis d’ouvrir un espace de dialogue grâce à des communications abordant une grande variété de médias.

La première journée consacrée principalement aux études cinématographiques a laissé place à de nombreux débats sur les représentations du genre sur grand écran, avec des réflexions autant en amont qu’en aval du film, mettant en avant un changement de paradigme avec des approches socio-historiques dans le cinéma. Le fond d’archives de Claude Autant-Lara, conservé à la cinémathèque Suisse, a notamment servi de base à plusieurs communications analysant alors les rapports de genre à l’œuvre dans la construction d’un film, tandis que les chercheuses Catherine Gonnard et Elisabeth Lebovici ont présenté une analyse de La Garçonne et de la culture visuelle lesbienne. La journée s’est ainsi clôturée par une projection d’Olivia de Jacqueline Audry, l’une des premières femmes cinéastes – suivie de près par Agnès Varda – présentée par la chercheuse Brigitte Rollet.

Le colloque a ensuite mis à l’honneur des contributions sur la presse magazine, alors en plein âge d’or. Qu’il s’agisse de visibiliser les pionnières ou de montrer les ambivalences du genre à travers les représentations sur papier glacé, les différents intervenants ont montré que l’histoire des femmes pouvait encore se développer sous de nombreux aspects. Abordant la famille et la maternité, la communication d’Alexie Geers et la mienne ont pu mettre en lumière les multiples assignations de genre qui rendent difficile pour les femmes l’accès à un métier autre que la maternité.

En effet, lors de mon intervention, j’ai proposé d’étudier le parcours de la photojournaliste Janine Niepce, dont les clichés sont diffusés par l’agence photographique Rapho à travers un large éventail de revues à partir des années 1950. Dans une volonté de témoigner des évolutions de la société, elle photographiait essentiellement des femmes. S’intéressant particulièrement à leur travail, qu’il soit professionnel ou domestique, la photojournaliste illustrait les articles interrogeant la nouvelle posture de la femme d’après-guerre dans les milieux ruraux ou urbains. Cette proposition visait à analyser le rôle de l’agence dans la construction et l’orientation de sa carrière de femme photographe mais aussi dans la diffusion des représentations féminines. Les photographies de Janine Niepce montrant peu de diversité thématique ou formelle – alors qu’elles sont pourtant publiées au sein de revues aux lignes éditoriales divergentes – poussent à s’interroger sur les jeux de contraintes susceptibles de peser sur la production de ses images. Ainsi, il s’agissait de montrer à travers l’étude de ses photographies comment Janine Niepce s’impose comme « photographe officielle de la famille » au sein de l’agence Rapho ; son statut de femme photographe l’obligeant à s’adapter à un monde professionnel dominé par les hommes.

Après d’enrichissants échanges, un seul regret pour conclure ces deux jours dans le très agréable campus de l’Université de Lausanne, le manque notable d’études et donc de propositions sur les territoires colonisés.

Salomé Hédin

doctorante au Carism